L’hippisme à L’Ile Maurice prend naissance en 1812. Les premières courses eurent lieu au Champ de Mars le 25 juin de cette année, et furent le début de 200 ans de compétition entre propriétaires et écuries, qui se poursuivait même durant les deux guerres mondiales.
L’objectif des fondateurs du Mauritius Turf Club était d’amener une réconciliation entre les colons français et l’administration anglaise, car les Anglais avaient conquis l’île en décembre 1810. Ils étaient convaincus que l’ambiance conviviale des courses hippiques aiderait à promouvoir l’unité entre ces deux communautés ainsi que la paix sociale et l’harmonie après des années de guerre dans l’Océan Indien. Le nouveau gouverneur, Sir Robert Farquhar et son épouse d’origine française, Maria Lautour, soutinrent activement l’organisation de courses hippiques, et Mme Farquhar offrit la première coupe d’or de l’histoire des courses locales à cette organisation.
Dès son arrivée à Maurice, le Colonel Draper apporta un soutien enthousiaste à la promotion des courses au Champ de Mars durant une vingtaine d’années, faisant courir et montant ses propres chevaux, à tel point qu’il devint, aux yeux de ses contemporains, le « père » du Mauritius Turf Club.
LES ECURIES
Au XIXe siècle, quand l'hippisme était encore à ses balbutiements, les chevaux qui étaient engagés dans les différentes épreuves étaient transférés de leur écurie respective vers Port-Louis la veille ou le jour même des courses.
Cependant, afin d'avoir un meilleur contrôle des chevaux et faciliter les séances d'entraînement, les écuries furent aménagées à côté de l’hippodrome et officiellement enregistrées auprès du MTC. Les écuries, qui étaient des associations officieuses de propriétaires et autres, portaient traditionnellement le nom de leurs propriétaires et, au début du siècle, environ cinq écuries étaient en compétition.
L'Écurie Gujadhur, la plus ancienne de l'île, compte plus de 100 ans d’existence. A partir de mi-1980, huit à dix écuries étaient en lice et sept entraîneurs “freelance” étaient autorisés à prendre part à la compétition tout au long de la saison. Aujourd’hui, ils sont environ une douzaine d’établissements à s’affronter et le nombre de pur-sang a constamment augmenté pour atteindre une moyenne de plus ou moins 400 chaque saison. A la fin de leur carrière, ceux-ci sont transférés à des centres d’équitation privés.
LA PISTE
La piste du Champ de Mars suit un tracé elliptique, avec une longueur de 1298 m et une largeur de 10 m 50 à 12 m. La piste est relativement petite. Les courses sont actuellement disputées sur des distances allant de 990m à 2400m. Autre fait notable : le 1500m est aussi appelé Draper’s Mile en l’honneur du Colonel Draper. Depuis son aménagement en 1812, la piste du Champ de Mars a été constamment améliorée. Une course comprend onze partants au maximum.
La piste est entretenue avec grand soin et tout est fait pour éviter des traumatismes aux chevaux. Actuellement, même par temps pluvieux, la rétention d’eau y est minimale. Afin de mieux renseigner les turfistes sur l’état de la piste, un pénétromètre, donnant des informations précises le jour même des courses, a été installé. Avec l’introduction de nouvelles distances ces dernières années, plusieurs modifications ont été apportées à la piste : la ligne d’arrivée a été déplacée, la piste a été élargie du côté intérieur et elle a également connu des prolongements à certains endroits spécifiques. En 2010, la mise en place de barrières de sécurité tout au long de la piste marque une étape importante. Cette lice en aluminium, plus flexible que la précédente, assure désormais plus de sécurité aux chevaux et aux cavaliers.
LES PISTES D'ENTRAÎNEMENT
Afin d’offrir de meilleures facilités d’entraînement à Port-Louis, une piste sablée et une piste de trot ont également été aménagées. Pendant la saison hippique et même pendant l’intersaison, elles sont utilisées pour les séances d’entraînement. Celles-ci commencent à 5h pour s’achever deux heures et demie plus tard, et environ 300 personnes y assistent régulièrement.
Le Centre Équestre Guy Desmarais, construit en 1968 à Floréal afin d’abriter une population croissante de chevaux, est devenu un centre d’entraînement où quelque 150 chevaux sont préparés pour la compétition qui se déroule exclusivement à Port Louis.
ASSISTANCE
Quatre courses classiques et quatre courses semi-classiques sont disputées lors de chaque saison hippique. Récemment, plusieurs courses de groupe (Domestic Group Races) ont été ajoutées à cette liste. La Maiden Cup, disputée sur 2400m, reste l'événement le plus populaire et le plus prestigieux. La première course classique de la saison, la Duchess of York Cup, est courue en début de saison et est réservée aux chevaux n’ayant jamais été en compétition au Champ de Mars. Contrairement aux décennies précédentes, l’assistance aux courses a connu une baisse conséquente ces dernières années. Ainsi, les journées classiques n’attirent plus qu’environ 25,000 personnes, alors que lors des journées normales, ils sont plus ou moins 8,000 à faire le déplacement vers le Champ de Mars.
MONITORING
On ne peut parler du Champ de Mars sans souligner qu’il a été l’un des rares hippodromes où a été installé le système de « photo finish » dès 1949. La caméra avait été fabriquée localement. En 2004, une nouvelle caméra photo-couleur a été installée. Les stalles de départ furent utilisées pour la toute première fois en 1962 et pouvaient contenir seulement huit chevaux. Par la suite, elles ont été agrandies afin de pouvoir accommoder 11 partants. En 1985, une balance électronique fut utilisée pour la première fois. Elle offre une meilleure précision et une meilleure fiabilité pour les handicaps. Afin de rendre l'organisation des courses plus professionnelle, la sécurité et le contrôle sont devenus les maîtres mots lors des deux dernières décennies. Avant chaque course, des échantillons du sang de tous les partants sont soumis à des fins d'analyse. Après chaque course des échantillons du sang et de l’urine du gagnant sont de nouveau soumis à des analyses. Si une anomalie est détectée, une contre-expertise est alors sollicitée d’un laboratoire indépendant. Avec l’apport de nouveaux équipements et de nouvelles technologies, Quantilab s’acquitte de ses fonctions avec beaucoup de rigueur. Afin de rendre le contrôle anti-dopage plus efficace, les chevaux sont surveillés dans leur écurie respective deux jours avant leur participation à une course et sont soumis à davantage de contrôles, tant au niveau de l'alimentation et du traitement médical que celui des entraînements. Par ailleurs, des caméras ont été installées en divers endroits stratégiques de la piste afin de permettre un meilleur contrôle du déroulement des courses par les Commissaires.
RATING ET HANDICAP
La pratique d’allouer un poids à chaque participant d’une course en fonction de sa valeur, le handicaping, est introduite à Maurice au début du 19e siècle. Les poids sont alors indiqués en stones et livres conformément au système anglais. En 1981 le système métrique est adopté et les poids sont désormais indiqués en kilos, tandis que les distances, indiquées jusqu’alors en furlongs, sont exprimées en mètres.
En 2005 le système de rating est introduit dans le cadre d’une politique d’alignement sur les normes internationales. Un rating, qui est un indice de valeur, est attribué à chaque coursier en fonction de ses performances. Ainsi, des chevaux de valeur plus ou moins égale s’affrontent dans des courses, et le handicap aidant, la compétition est ainsi rehaussée. Il convient de souligner que quelques épreuves sont disputées à poids pour âge, comme le veut la pratique internationale, surtout les courses classiques.
ORGANISATION INTERNE DU MTC
Suite à la fusion du Mauritius Turf Club et le Mauritius Jockey Club en 1958, l'adhésion des membres prit un nouvel essor, et depuis, le nombre d'adhérents n'a pas cessé d'augmenter. Ceux-ci sont classés en cinq catégories: Membres Fondateurs, Membres Associés, Membres d’Honneur, Membres Honoraires et Membres Temporaires. Le nombre de membres s’élève à environ 650. Chaque année, lors de l'Assemblée Générale, a lieu l'élection du ‘board’ des commissaires. Normalement, six commissaires sont élus selon un système de rotation, à raison de deux par année, pour une durée de trois ans. Les Commissaires élisent ensuite un Président. C'est la Constitution du MTC et les Rules of Racing qui définissent le pouvoir et les privilèges de l'exécutif. Un panel composé de cinq commissaires des courses, dont un président, veille sur l’organisation des courses qui repose sur une série de règlements qui peuvent être amendés selon une procédure bien définie. La Constitution prévoit également une procédure d’appel des décisions des commissaires des courses, en conformité avec les ‘Rules of Racing’. Ce comité d’appel est constitué de cinq membres qui sont nommés à partir d’un panel approuvé par l’Assemblée Générale. Le président du panel doit, selon La Constitution du Club, être membre du club et posséder une formation légale. Pour assister les commissaires dans leurs fonctions, le MTC emploie un secrétaire, un assistant secrétaire, un trésorier et d’autres cadres responsables de l’administration. Au total, le MTC emploie quelque 375 personnes et environ 3000 autres personnes sont directement ou indirectement associées à l’industrie hippique.
RELATIONS ET RENCONTRES INTERNATIONALES
Le MTC est membre de la Fédération Internationale des Autorités Hippiques (FIAH), ce qui lui confère de facto le statut de seule autorité hippique à Maurice. La FIAH se réunit chaque année à Paris à l’occasion du Prix de l’Arc de Triomphe lors du premier week-end d’octobre. En 1997, lors de 25ème Conférence du ‘Asian Racing Federation’, le MTC se joignit à cette Fédération dont le secrétariat se trouve à Hong-Kong, et elle compte 24 pays membres qui se réunissent en conférence tous les 2 ans.
COUVERTURE MÉDIATIQUE
Les courses à Maurice ont bénéficié, depuis leur début, d'une très large couverture médiatique, mais au cours lors des dernières décennies, l'impact médiatique a eu un effet significatif: depuis 1996, les courses hippiques sont retransmises en direct à la radio et à la télévision. La demande pour des informations objectives devenant plus pressante, en 1991, le MTC fait paraître sa propre publication. ‘Racetime’ voit ainsi le jour.
La revue traite toutes les informations avec objectivité afin de mieux aider les turfistes dans leurs analyses. Le nombre de publications dédiées au sport hippique, en sus des titres de la presse et des retransmissions télévisées et radio diffusées, témoignent de la popularité du sport hippique à Maurice. Le MTC possède également son studio qui assure la retransmission des courses en direct. La Mauritius Broadcasting Corporation, chaîne nationale de radio et télévision, partenaire privilégié du MTC, assure elle aussi la retransmission des journées hippiques dans leur intégralité.
PARIS
Les Mauriciens ont développé un engouement pour les paris sur les courses et les compétitions sportives. Dans le passé, les paris étaient organisés exclusivement par les bookmakers qui avaient toute liberté pour calculer et déterminer les cotes. De plus, le public avait aussi la possibilité de tenter sa chance aux différentes loteries des courses. Depuis 1991, les paris informatisés, lancés par l’Automatic Systems Ltd (Supertote), et rejoint plus tard par le Totelépep de Global Sports Ltd., sont devenus une réalité, ce qui donne un plus grand choix aux parieurs. Les paris par téléphone furent introduits en 1994 par l'Automatic Systems Ltd et par les compagnies de bookmakers en 2002. Dans un passé plus récent, le paysage des paris à Maurice s’est encore agrandi avec l’introduction des paris par SMS.
MEILLEURE QUALITÉ DE CHEVAUX EN COMPÉTITION
La hausse conséquente des dotations et les subventions allouées aux écuries a permis à celles-ci d’avoir plus de moyens d’investir et le résultat a été plus que probant : la qualité des chevaux et des jockeys en action au Champ de Mars a constamment progressé, rendant la compétition beaucoup plus rude et attrayante. La tenue de différents championnats, tels ceux des sprinters, des milers et des stayers, sans oublier les deux autres, réservés aux 3 ans et 4 ans respectivement, a encouragé les investissements dans les chevaux de qualité.
INFLUENCE GRANDISSANTE DES JOCKEYS ET APPRENTIS MAURICIENS.
Au début des années 1980, l'apprentissage des jockeys mauriciens était assuré par le MTC, et vers la fin des années 1980, deux jockeys professionnels et un groupe homogène d'apprentis-jockeys étaient déjà prêts pour la compétition. Depuis une vingtaine d’années, des apprentis mauriciens bénéficient régulièrement de stages de formation en Afrique du Sud. Certains des jockeys locaux et apprentis-jockeys ont eu la chance de monter en Afrique du Sud, en Angleterre, au Zimbabwe, à Macao, en Australie, en Inde, et actuellement deux jeunes jockeys mauriciens montent avec succès en Afrique du Sud.
Situation financière et autres données relatives
Les revenus du MTC proviennent des sources suivantes : bookmakers (41%), Tote (28%), cartes d’accès et programmes des courses (6%) et patronages (25%).
Les principales dépenses encourues par le MTC sont les suivantes: prix et subventions (45%), entretien et amélioration de l’hippodrome (27%), salaires et autres formes de rémunération (16%) et autres frais généraux tels le transport, les assurances, les taxes et l’entretien des bâtiments (12%).
Le MTC avait bien entamé le 21ème siècle, mais le budget adopté par le Gouvernement en 2010 a eu une incidence négative sur la situation financière du MTC à cause de l’augmentation de la taxe sur les paris. Toutefois, le MTC a réussi à minimiser l’impact de cette mesure.
Le MTCSL entre en scène